jeudi 18 septembre 2014

Vous avez aimé Rosa Luxemburg dans "L'Encyclopédie..." allez plus loin avec un roman historique jeunesse

Anne Blanchard est l'auteure de l'article sur Rosa Luxemburg dans "L'encyclopédie...". Elle a souhaité aller plus loin sur cette femme d'exception...

Le texte dans "L'encyclopédie des Rebelles" :

ROSA LUXEMBURG (1871-1919), allemande, est une des deux grandes figures de la ligue spartakiste qui, après la première guerre mondiale, veut rallier à la révolution les ouvriers du monde entier. Elle est assassinée.

« Je suis différente à chaque instant » disait Rosa « et la vie est faite d’instants ». Certes, mais la sienne fut constante dans le « toujours plus ». Peut-être, parce qu’elle a dû se battre pour être reconnue comme femme, intellectuelle, juive et marxiste, ce qui fait beaucoup. Et, tout ça, en aspirant à être normale, ce qui n’est jamais simple.

Malade à 5 ans, elle reste boîteuse, mais choisit l’option « sports difficiles » à l’école. Brune, polonaise et juive au milieu de têtes blondes russes et orthodoxes (le tsar de Russie occupe la Pologne), on la « tolère » seulement : parce que c’est la meilleure de toutes…
Choquée par la pauvreté (déjà…) qu’elle voit à Varsovie, elle se met à la politique, section « activités interdites », avec pour objectif le chambardement international. Elle a 18 ans, et ce ne sera pas un feu de paille. Le pouvoir ne plaisante pas non plus, et elle doit s’exiler, cachée dans une charrette de foin. Direction : la Suisse. Ses parents espèrent que le climat la calmera… 

Là, elle tombe amoureuse de Léo Jochigès, beau révolutionnaire. Mauvaise pioche : c’est un coureur de jupons. Rosa s’accroche. Il lui en fera baver. Pas grave ! Ses convictions la poussent au travail, elle devient une militante célèbre. Non sans mal. Dix ans de boulot, et en quatre langues, pour contrer l’antisémitisme et le mépris des femmes que, justement, son génie ravive. Pfff…
Pas facile, non plus de vivre balancée entre la révolution en marche et ceux qu’elle aime. En Pologne, sa mère adorée est morte, puis c’est son papa, qui lui écrit : « tu es tellement occupée par des causes sociales… Je ne t’ennuierai plus avec mes lettres… Ton père qui t’aime ». Et, crac !, il meurt. Dur. Sans compter qu’avec Léo, ça n’avance pas beaucoup. Tant pis, Rosa milite davantage et se marie avec un autre. En 1900, elle choisit un Allemand pour avoir des papiers et rejoindre à Berlin le parti socialiste, puis divorcer.

Elle les secoue rudement les Allemands, Rosa, ses grèves à mener, ses meetings à lancer et ses livres à écrire… On l’appelle la « Querelleuse  » au parti socialiste. Mais, pour faire comprendre à tous que l’exploitation de l’homme par l’homme, demain, c’est ter-mi-né, elle a besoin de ses respectables dirigeants. Même s’ils lui « donnent des nausées», avec leur petit confort bourgeois… qui la tente elle-même un peu. D’ailleurs, ça tombe bien, elle va s’y essayer. 
Léo accepte de vivre avec elle. Enfin, « un petit logement à nous, nos meubles,… un travail calme et régulier, … chaque été un mois à la campagne » et « peut-être aussi, un petit, un tout petit bébé ? Est-ce qu’on ne pourra jamais ? » Non. La vie à deux, ça ne durera pas. 

En 1904, Rosa se repose… 3 mois de prison, de « merveilleux calme » se réjouit-elle. Motifs ? Sa lutte pour l’union des ouvriers de tous pays et contre les frontières, bref, son « internationalisme ». En sortant, elle repeint son appartement (ah, l’action reprend !) et s’occupe de Puck, son lapin domestique. Mais c’est vite étouffant ce train-train…
Elle file en Pologne, en 1905, comploter contre l’occupant russe. Elle risque sa vie, mais là, au moins, « on n’accouche pas… de mouches crevées comme à Berlin, mais d’un tas de choses géantes ». La situation se calme, Rosa prépare déjà la suite et retourne à la case « prison ». Cette fois, c’est pénible, mais elle en ressort plus forte. Ce qu’il faudrait, c’est une bonne révolution, comme celle qui vient de rater en Russie ! 0n se dit que, pour Rosa aussi, ça va mal finir. Hé bien oui !
En Finlande, elle prend le thé avec des russes exilés, des pointures, comme ce Lénine, future étoile de LA révolution d’octobre 1917. Elle le juge « très intelligent », quoiqu’en réfléchissant bien… « autoritaire et fermé », avec son « esprit étriqué de veilleur de nuit ». Bien vu. Rentrée chez elle, ça repart : prison et théorie, ou vice-versa, un peu de peinture et d’amour aussi (toujours pas avec Léo). 

Les dix dernières années de sa vie, tandis que l’Europe prépare la guerre, Rosa travaille à la paix. « Si on attend de nous que nous brandissions les armes contre nos frères de France et d’ailleurs, alors nous nous écrions : nous ne le ferons pas ! » Elle dérange : on l’exclut du parti socialiste, qui pense qu’avec le pays en guerre, ce n’est pas le moment de révolutionner la société.
Second rendez-vous manqué, après Léo, la révolution russe de 1917, elle est emprisonnée. Libérée en 1918, elle crée son parti, la « ligue spartakiste », qui donne la migraine à ses anciens amis socialistes modérés, arrivés au pouvoir. Ceux-ci déclenchent des campagnes contre les partisans spartakistes et noient leurs manifestations dans le sang. Le 16 janvier 1919, à Berlin, Rosa est sauvagement assassinée avec un camarade, Karl Liebknecht. Les coupables, d’ex-soldats, resteront impunis. 

Elle adorait la vie, de toutes ses fibres. 
Elle avait 48 ans. C’est passé si vite. 


Pour aller plus loin, du même auteur… 



Dire non aux frontières, une lutte brûlante d’actualité dans le monde d’aujourd’hui où certains n’ont de cesse d’élever entre les humains.
couverture :  François Roca
DÈS 12 ANS • 96 pages • 
8 euros
roman historique par Anne Blanchard
ACTES SUD JUNIOR
sortie : 17 sortie : 17 septembre 2014 
collection « Ceux qui ont dit non » créée et dirigée par  Murielle Szac
blog ceuxquiontditnon.fr

Mais qui a livré Luxemburg à ses assassins, le 15 janvier 1919 ? 
Voilà une des questions auxquelles Mimi, chat de gouttière et compagnon de Rosa, pourra peut-être répondre. Il nous livre en tout cas un récit de première main et documenté : fort des idées et des mots hauts en couleur de Rosa. 

En filigrane reviennent les grandes questions. 
Pourquoi et comment s'engage-t-on ? 
Quel est le poids du hasard et celui de la volonté ? Où trouve-t-on la force de ne jamais renoncer, même lorsque la victoire semble lointaine ? Aller jusqu'au bout, est-ce le privilège des jeunes ? Dévouer sa vie à ses idées, oui… mais aussi vouloir être heureux « de toute son âme » : comment y parvenir ?

Admiration, mais aussi jalousie et même ironie teintent le témoignage amoureux du chat Mimi, qui nous reparle aussi du lapin Puck.

A la suite du roman, un bref essai sur la lutte contre les frontières que certains n’ont de cesse d’élever entre les humains prolonge la réflexion. 

Premières pages du roman "Rosa Luxemburg. Non aux frontières… " :

«  Berlin, 15 juillet 1914
Quelle belle chose que de vivre ! Quelle chose merveilleuse et
sublime ! Même l'ennui de sentir Rosa me scruter, le front buté et les
lèvres pincées, depuis qu'elle est rentrée à Berlin, ne parvient pas à me
fâcher avec l'existence.

Je sais qu'elle a des soupçons, mais l'orage passera. Rosa
n'oubliera pas, elle pardonnera… A l'humanité, ma maîtresse ne passe
plus rien. Mais moi, ne suis-je pas son « enfant chéri », son Mimi ? Et
est-ce ma faute si ce stupide lapin a sauté ?

Je le vois… la clarté de mon raisonnement vous surprend. Et pourquoi
croyez-vous que les écrivains et les intellectuels recherchent notre
compagnie ? Réponse : les hommes de plume aiment notre
intelligence. Et cela tombe bien, car nous aussi, les chats, nous aimons
les plumes. Celles qui recouvrent les os fragiles de l'oiseau, qui
craquent sous la dent, comme celles des penseurs de tout poil !
D'un trait, ils refont le monde. Et le monde… il y a à faire, pour
le refaire. D'un trait, c'est vite dit ! s'impatienterait Rosa, si elle
m'entendait ! Mais non, elle est trop absorbée par son travail.

Un peu d'encre a même bavé sur sa manche. Elle aligne les phrases à
grande vitesse ; il y a urgence, la guerre menace l'Europe : « Demain,
l'empereur allemand aura le pouvoir de nous précipiter dans la
barbarie ! écrit Rosa. Cela, par la faute des députés socialistes qui ont
voté de nouveaux crédits militaires ! Honte à eux : ils devaient
s'opposer, ils ont approuvé ! On attend de nous que nous brandissions
les armes contre nos frères de France et d’ailleurs ? Non ! Non ! Nous
ne le ferons pas ! »
Ces mots sont dignes d'entrer dans l'Histoire. Et, vous verrez,
l'Histoire les retiendra aussi irrémédiablement que Puck l'imbécile a
depuis dix jours disparu. » 

 Rosa Luxemburg a aussi écrit… :

«  La révolution est magnifique, tout le reste est foutaise. » (1906)

« Sous les apparences frivoles et enivrantes de notre civilisation, on découvre l’abîme de la barbarie et de la bestialité. On en voit surgir des tableaux dignes de l’enfer : des créatures humaines fouillant les poubelles à la recherche de détritus. Chaque jour des sans-abris s’écroulent, terrassés par la faim et le froid. Seul les mentionne le rapport de police. » (1912)

« La chair à canon, embarquée en août et septembre, toute gorgée de patriotisme, pourrit maintenant en Belgique, dans les Vosges, en Mazurie. Dans des cimetières où l'on voit les bénéfices de la guerre pousser dru. » (1915)

« Au fond, j'étais faite pour être gardienne d'oies. Je me sens mieux à la campagne, avec les bourdons, que dans un congrès politique. » (1917)

« Je me sens chez moi dans le monde entier, partout où il y a des nuages, des oiseaux et les larmes des hommes. » (1917)

« J’espère mourir à mon poste dans une bataille de rue ou dans un pénitencier, mais dans mon for intérieur,  j’appartiens plus aux mésanges qu’à mes camarades » (1917)

« La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense
autrement. » (1918)

« […] L'histoire mène irrésistiblement, pas à pas, à la victoire finale ! Où en serions-nous aujourd’hui sans toutes ces “défaites”, où nous avons puisé notre expérience, nos connaissances, la force et l’idéalisme qui nous animent ? » (1919)


Berlin, devant l'immeuble de la Cranachstrasse où vécut Rosa Luxemburg : un très, très discret hommage (septembre 2014)… :




Quelques chiffres sur la collection "Encyclopédie des..."

Encyclopédie des cancres (ouvrage précédent, Jean-Bernard Pouy, Anne blanchard, Serge Bloch) : 110 000 exemplaires (dont 22 350 en France). 

Encyclopédie des rebelles (Francis Mizio, Anne Blanchard, Serge Bloch) :
49 500 exemplaires dans de nombreux pays (dont 15 540 ex en France ; traduction en 10 langues).

L'Encyclopédie des héros (le troisième de la collection à ce jour. Jean-Bernard-Pouy, Francis Mizio, Anne Blanchard, Serge Bloch) : 
Sortie en fin d'année dernière, celle-ci en est à 6 500 ex et commence à être traduite… 

mercredi 7 mars 2012

samedi 5 février 2011

Traduction en vietnamien

L'Encyclopédie des rebelles... sera publiée au vietnam par les éditions KIM DONG.

mercredi 8 décembre 2010

Version pour Espagne, Argentine et Amérique latine

Enciclopedia de Rebeldes
El mundo no les gustó... ¡Y ellos lo revolucionaron o intentaron hacerlo!
Akenaton, George Sand, Abd al-Qadir, Marie Curie, Che Guevara, Gandhi, Martin Luther King. Esclavos, soldados o simples seres humanos que dijeron «no» a los tiranos y opresores. Pensadores o escritores que lucharon contra las desigualdades y las injusticias. Científicos o artistas que cuestionaron los principios y rechazaron los límites. Hemos reunido aquí a un puñado de mujeres y hombres que marcaron a la humanidad. La mayoría de ellos abrieron los ojos a sus semejantes. Muchos influyen todavía en la forma que tenemos de ver la sociedad, la ciencia y el arte. Otros vieron sus ideas barridas o arruinadas por el tiempo o los acontecimientos. Pero todos ellos consagraron su vida a una creencia, una esperanza o un ideal. Regresemos con ternura sobre los pasos de la infancia de estos rebeldes.

vendredi 26 novembre 2010

L'Encyclopédie des rebelles... reçoit le Prix littéraire Fetkann ! catégorie Jeunesse !

C'est un prix peu connu, mais extrêmement valorisant de la part de la qualité des jurys, des partenaires associés à ce prix et de son ambition : le prix Fetkann : "Le « Prix Littéraire FETKANN ! » créé par José PENTOSCROPE, Président du CIFORDOM(Centre d’Information, de Formation, Recherche et Développement pour les originaires d’Outre-mer), intervient dans le cadre de l’application de la loi Taubira-Delannon du 10 mai 2001 qui reconnaît la Traite négrière et l’Esclavage comme crimes contre l’Humanité.

Il met l’accent sur les principes républicains « Liberté, Égalité, Fraternité » et favorise le travail de mémoire des pays du sud et de l’Humanité toute entière.
Ce concours récompense les ouvrages, recueils, travaux de recherche et essais qui mettent l’accent sur l’affirmation des droits de l’homme et favorisent le travail de mémoire des pays du Sud et de l’Humanité toute entière.

Pour rappel, le Prix Littéraire FETKANN ! a été décerné pour la première fois à Paris en 2004, année proclamée par l’ONU « Année de Commémoration Internationale de Lutte contre l’Esclavage et de ses Abolitions » ; année également marquée par la « Journée Internationale du Souvenir de la Traite Négrière et de son Abolition » le 23 août, et par la « Commémoration du Bicentenaire de l’Indépendance d’Haïti », première république noire, suite à l’insurrection débutée dans cette colonie française dans la nuit du 22-23 août 1791 sous le commandement de Toussaint Louverture.
La participation au concours est gratuite. Pour cela, il suffit d’envoyer deux exemplaires des ouvrages avant le 30 septembre.".